Le vendredi 5 novembre, par une belle journée d'automne, un travail d'accompagnateur peu courant m'a été demandé.
Contrairement à d'habitude, je ne dois pas emmener des clients en montagne mais les retrouver ! De plus, ces derniers sont tout poilus
et sur 4 pattes. Frisco, le petit marron a 4 mois et Manzi la belle noire a 4 ans, 2 magnifiques labradors qui ont disparu du domicile familial des Coverays depuis lundi.
Ils ont été aperçus à Argentière puis sous le Montenvers enfin on a entendu aboyer là-haut dans la direction du couloir d'Orthaz
ou un peu plus à gauche, bien au-dessus des galeries du Train du Montenvers.
Leur maîtresse Jody est persuadée elle, de les entendre du bas de la vallée.
Je pars donc avec en moi la très nette impression qu'il s'agit d'une mission quasi impossible. Si ces chiens ont des puces, ce ne sont
pas des "RFID" !
Je monte en direction de la ferme des Planards résolu à très vite quitter le sentier pour m'engager dans un de ces couloirs
pour commencer mes appels.
Pendant une bonne heure à monter dans la pente, je n'entends toujours pas d'aboiements et encore moins de gémissements. Les
rumeurs qui m'arrivent de Chamonix perturbent mes oreilles. Je suis presque résolu à abandonner et à appeller Jody pour lui annoncer l'échec.
Je repars toutefois en montant dans le couloir d'Orthaz, je suis au-dessus des galeries et nos 2 amis canins ne sont pas empêtrés dans
les filets situés en aval.
Enfin très au loin j'entends un aboiement.
J'appelle sans cesse pour stimuler les bêtes et mieux les repérer.
C'est bon, je vois Frisco coincé sur une vilaine vire, lui m'a vu aussi et je ne sais pas si c'est de joie mais il aboie de plus
belle.
C'est bien pourri, cet endroit où tu es venu te coincer mon gars !
Bordure gauche d'Orthaz, des rochers qui se font la malle dès qu'on a le pied dessus, souche pourrie, pas de prise sérieuse (presque du
boulot de guide !) et j'ai perdu le bout de corde que j'avais emmené au cas où !
Bon! Voilà, j'y suis. Approchons la bête apeurée ! J'arrive à coincer notre chiot entre 2 rochers et lui passe immédiatement une laisse
au collier puis lui donne à boire de mon bidon, ce qui semble lui donner confiance en moi.
Je prends mille précautions en rebroussant chemin pour ne pas me laisser embarquer dans la chute par un Frisco. Quand
je peux lever la tête, aussitôt sorti du passage délicat, j'aperçois à 10 mètres en dessous de nous Manzi qui nous attend.
J'appelle très vite la maîtresse des 2 chiens perdus qui tombe en larmes d'émotion.
Une heure plus tard je suis aux Coveray (je m'arrête souvent pour laisser du repos à mes 2 clients exténués, je porte même Manzi qui ne
peut plus avancer) où je retrouve Jody et ses voisines qui m'accueillent en héros.
Texte et photo de Jean-Marc Vaillant, AEM à la Compagnie des Guides
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