Arête du Jardin, Alpinisme à l'Aiguille Verte, Massif du Mont Blanc, jeudi 9 aout 2012.
Ismaël et moi, nous nous connaissons depuis déjà une petite dizaine d’année et déjà à l’époque, le projet d'escalader tous les 4000 m des alpes était formulé. L’arête du Jardin était donc dans
nos objectifs. Ismaël est un joueur de basketball à la retraite reconverti en accompagnateur en montagne. Il a grimpé plus de 65 « 4000 » et nous réalisons les plus difficiles ensembles. Au
sommet de chaque « 4000 » Ismaël présente un enfant malade que nous filmons et photographions à l’aide d’un portrait en guise de carte postale pour le soutenir. Le projet final est d’écrire un
livre retraçant cette épopée vue par un ancien sportif professionnel ; de défendre les valeurs de solidarité et l’école de la vie qu’est l’alpinisme. Les bénéfices seront reversés à l’association
représentant cette maladie orpheline San Filippo. Nous voilà donc parti avec le matériel vidéo, les photos des
enfants malades et tout l’enthousiasme que suscite une telle course. Donner du sens à l’action est un véritable trait d’union entre nous et notre cordée est aussi solidaire que complémentaire.
Un réveil « matinal » vers 00h30 nous emmène au pied des Clochetons. La rimaye passe sans soucis et le couloir est encore en assez bon état. Nous le quittons sous l’arête faitière pour traverser à gauche ; quasi à plat, en montant par passages successifs, suivant un système de vires et d’épaulements évidents. Après une épaule de plus et une petite descente de quelques mètres, nous arrivons au pied d’un mur impressionnant sous la brèche d’une arête venant du versant Talèfre et rejoignant l’arête du Jardin. Ce mur s’enraidit sur la fin, il est serpenté par un système de rampes et fissures commodes se terminant par une cheminée large de quelques mètres offrant un passage physique. Il reste de la neige fraiche et les piolets sont bien utiles pour déblayer les lignes de faiblesses. Arrivé à la brèche, une traversée directe d’une vingtaine de mètre sur la gauche (en regardant vers l’arête principale) permet d’accéder à des rochers aisés menant à l’arête du Jardin, 150 mètres au dessus. Le couloir sous nos pieds à l’air en neige et glace et un collègue m’a dit que l’emprunter lui a fait gagner du temps ! Qu’à cela ne tienne, nous utilisons le relais qu’il a joliment planté (merci Christophe) et prenons pied dans ce couloir que nous remontons facilement jusqu'à l’arête faitière où le soleil nous attend. Nous aurions sans aucun doute gagner du temps si nous n’avions pas coincé la corde !!! Passage acrobatique dans du mixte plutôt raide dont je vous épargne le récit scabreux…
Nous voilà sur l’arête et l’aiguille du Jardin s’offre à nous. Séquence vidéos et photos et c’est au tour de la Grande Rocheuse, magnifique sommet individualisé. Le col sous la Verte est atteint
et nous rejoignons Jean-Franck Charlet et son client Eric Woerth qui sortent du Whymper.
Nous sommes au sommet tous les quatre réunis, moment de plénitude…
La descente par le Whymper est longue et le couloir bien sec.
Tout se passe pour le mieux et nous rejoignons heureux le havre de paix du refuge du Couvercle.
Fabien Meyer, guide de haute montagne.
La compagnie propose des stages premier 4000.