Cet automne, avec Mathieu Maynadier, Mathieu Détrie et Seb Ratel nous sommes partis au Népal pour un mois et demi. Notre objectif, le Lunag II, se situait dans la région du Khumbu vers le col du
Nangpa La. Cette montagne, culminant à 6830 mètres, fait partie du groupe des Lunags, composé de 5 sommets à peu près à la même hauteur, reliés par de fines arêtes cornichées.
Arrivée à Katmandu le 28 septembre, toujours autant de monde dans les rues de Thamel, heureusement nous ne restons que 2 jours pour finir de collecter les affaires manquantes. Ensuite un petit
vol pour Lukkla et 7 jours de trek, avec une journée de repos à Thame, où je retrouve des visages familiers, nous permettent d’atteindre notre CB à 5200 mètres.
Le CB est super dans l’herbe avec de l’eau à côté, quelques blocs par-ci, par-là. On a même un spot pour tendre la slack-line, mais avec l’altitude on ne s’active pas des masses. Nous
grimpons un premier sommet de 5800 mètres sans difficultés techniques au-dessus de notre CB le 11 octobre. Shandra notre sirdar nous accompagne, c’est une nouvelle expérience pour lui. Nous
repartons le 13 pour parfaire notre acclimatation sur le Jobo Lecoultre où nous voulons essayer de gravir une ligne sympa sur sa face Nord. Partis du CB le matin nous grimpons 500 mètres de
terrain à prédominance neigeuse avec un départ en glace. En fin de journée nous trouvons un super emplacement de bivouac à 5800 mètres où nous passons la nuit. Le lendemain 400 mètres de
goulottes et de mixte nous mènent au sommet d’une antécime, à 6200 mètres que nous n’essayons pas de contourner par manque de matos. Descente en rappel et retour au CB.
Ensuite un épisode neigeux nous bloque au CB pour quelques jours … C’est bien, la face que nous voulions grimper sur le Lunag II est orientée Sud-Est et avec le temps sec et chaud des jours
passés, les parties de mixte commençaient à être sèches.
Le 20, la montagne a une belle allure, nous dormons au pied en projetant de monter poser du matos plus haut dans la voie. Malheureusement, c’est une faible neige qui nous réveille. .. On ne
montera pas plus haut aujourd’hui. On met le matos à l’abri et retour au CB.
Ensuite, on nous annonce une belle météo pour une semaine, mais avec pas mal de vent de Sud-Ouest en altitude, on se décide à tenter un run vers le sommet.
Le 24 on décolle le matin du CB, encore une fois ce large glacier couvert de pierres à traverser, mais cette fois avec des sacs légers. Après un petit casse-croûte au pied de la face, nous
passons la rimaye en milieu d’après-midi et gagnons un endroit à peu près protégé pour poser les tentes 200 mètres plus haut, à 5800 mètres. Le lendemain, après avoir grimpé quelques centaines de
mètres, la chaleur nous arrête. Nous passons une heure à l’abri sous un surplomb en attendant que la température baisse un peu. Une longueur en rocher de difficulté 5 nous permet d’éviter une
zone exposée. Un peu avant la nuit nous arrivons à l’endroit qui nous semblait propice pour notre second bivouac, il le deviendra après une bonne heure de terrassement. Une fois installés nous
sommes superbien, protégés par un toit à 6200 mètres d’altitude. Après une bonne nuit, nous commençons la journée par de belles longueurs de glace et de goulottes qui nous permettent de passer le
verrou au milieu de la face. La partie haute nous offre encore de bonnes conditions de glace avant de venir buter sur un ressaut plus raide qui marque le pied des ice-flûtes. Finie la glace,
place à la neige inconsistante… L’escalade, qui techniquement n’est pas dure, est exposée et difficile à protéger. La nuit nous cueille et nous n’avons aucun emplacement de bivouac dans les
parages, notre salut est au sommet. Une longueur dans les ices-flûtes et deux sur l’arête sommitale nous déposent au sommet du Lunag II, à 22 heures. Il fait nuit depuis 4 heures, la température
faible accompagnée de ce fort vent de Sud-Ouest nous gèle le visage. On se félicite d’être ici où personne n’avait encore mis le pied. Nous descendons quelques mètres au nord pour terrasser un
emplacement pour les tentes. Avec une neige sans consistance cela nous demandera encore une heure. Enfin une nuit bien méritée.
Le lendemain, trop fatigués après cette longue journée, nous abandonnons notre projet de faire l’aller-retour sur le sommet principal qui nous semble bien trop loin. Nous passerons la journée
pour redescendre par le même itinéraire en 22 rappels. Retour au CB le soir même où Bhim le cook et Ayden son aide nous ont préparé un festin.
Retour sur Katmandu après un petit détour par Thengbo pour saluer Migma.
Mat arrive au pied
du mixte
Le mixte
...pour ne pas
s'exposer sous les glaçons.
Début des
ice-flûtes et des longueurs exposées...
Heureux au sommet
de nuit avec Mémé
Everest du
soir...
Plus de photos sur le site de max : JMCcrew.
Texte et photos de Max Belleville, guide de la Compagnie des Guides de Chamonix.
Expédition effectuée au mois d'octobre 2010.