Préambule pour toutes les femmes qui s'imaginent que l'alpinisme, c'est un sport d'homme : je suis une parisienne sédentaire, 1,55 mètres, dont le seul fait d'arme physique est de faire du sport
deux fois par semaine, été comme hiver. Alors, maintenant, à vos crampons.
Sur les bonnes recommandations de Christian Fernandes, qui m'a emmené à la Petite Verte mardi, je suis partie ce matin à l'Aiguille de Toule par la face nord en compagnie de Pierre Labbre, un ami
à lui, issu de la même promo. Ce vendredi, les conditions sont idéales, de ces journées qui donnent envie de citer la chanson de Barbara :
Est-ce Dieu, est-ce Diable
Ou les deux à la fois
Qui, un jour, s’unissant,
Ont fait ce matin-là?
Est-ce l’un, est-ce l’autre?
Vraiment, je ne sais pas
Mais, pour tant de beauté,
Merci, et chapeau bas.
Trêve de lyrisme, nous commençons la course vers 9 heures, du pied de la Pointe Helbronner en Italie. Après une courte marche d'approche, nous voilà au pied de l'aiguille. Pierre monte poser le
premier relais, je m'élance hardie à l'assaut de la rimaye. Mais mes muscles novices ont encore en tête la glace tendre de la face nord de la Petite Verte, mes coups de crampons et de piolet sont
maladroits et peu vigoureuse, je m'épuise en vain à taper à droite à gauche au lieu de persévérer au même endroit ou de chercher les traces de Pierre.
Bilan : c'est hissée par Pierre que je passe la garce de rimaye. Cette première longueur sera assez fatigante, la glace est vraiment dure, du moins pour mes petits bras, et même si la pente n'est
pas très forte, environ 50°, c'est assez laborieux.
Et puis en montant, cela s'améliorera vraiment, j'ai le temps de bien enregistrer le vocabulaire et les gestes, qui deviennent un peu plus fluides : "vaché", "libre", nettoyer les broches à glace
quand on les dévisse. Sauf le coinceur… qui coince dans son anfractuosité faute d'avoir fait le bon geste. Du coup Pierre doit redescendre le chercher.
Nous arrivons enfin sur une arête neigeuse nettement plus sympathique. Les dernières centaines de mètres se font sur une arête rocheuse qui culmine à 3534 mètres, avec un panorama à 360°
extraordinaire.
La descente au pas de charge se fait par la face est, dans les rochers mêlés de neige. Tranquille, plein soleil, nous en profitons pour discuter, nous parlons ainsi de l'importance pour les
guides d'être bien référencés sur Internet, par exemple via un blog.
Il me parle de ses expéditions lointaines, "à l'arrache" pour certaines, très Into the wild, et des récits qu'il en tire et finissent parfois pour des magazines spécialisés.
Très -trop vite-, c'est le retour à Helbronner, par une belle chaleur qui fleure bon le mois d'avril. Merci encore Pierre !