Liban, randonnée à ski, du 11 au 20 février 2012.
De Marseille pour les français, de Milan pour les italiens, nous nous retrouvons tous en fin d'après-midi à Beyrouth. Nous sommes six français et les italiens, en compagnie de mon ami Alberto Re,
guide de Bardonnechia, sont quatre.
Immédiatement c'est le départ pour Byblos, sur la côte à 40 km au nord de Beyrouth.
Le réveil, le lendemain matin, est somptueux. Nous sommes juste au-dessus d'une mer très bleue, par une douce température, qui nous change d'un coup, du froid brutal de Chamonix. Nous passons la
matinée à visiter la ville historique, considérée comme la cité la plus vieille du monde, car les plus anciennes habitations que l'on y a découvert datent du Néolithique, vers 6500 ans avant JC.
C'est un véritable millefeuilles de restes de constructions de toutes les civilisations qui s'y sont succédées, phéniciennes très longtemps, puis égyptiennes, romaines, grecques, musulmanes,
toutes surmontées par l'énorme fort construit par les Croisés.
Après cette visite remarquable, nous prenons un bus pour partir vers l'Est jusqu'aux Cèdres, station de ski située à 2100 mètres au pied des Monts Liban, chaîne de montagne d'une altitude toujours proche de 3000 mètres, qui s'étend Nord - Sud, parallèle à la côte. Nous posons nos affaires à l'hôtel La Cabane, prenons nos skis et montons vite pendant une heure pour faire une belle descente sur la célèbre forêt de cèdres, les Cèdres de Dieu, située un peu plus bas que la station. Le coucher de soleil sur ces arbres magnifiques est une splendeur. Mais il faut remettre les peaux pour revenir à l'hôtel, dans la nuit noire, emmenés par notre ami Raja, qui s'occupera de nous tout au long du parcours.
Le lendemain, toujours grand beau. Nous partons tard pour profiter du célèbre télésiège de l'armée, relique défiant toutes les normes de sécurité imaginables, mais qui a l'avantage de nous
déposer à 2800m. De là nous nous divisons en deux groupes : l'un va gravir le point culminant du massif, le Qornet es Saouda (3083) tandis que l'autre se dirige vers un 3000 plus proche et
atteint le col du Lapin.
Dans les deux cas, après une centaine de mètres très vagués, nous nous offrons une descente de rêve sur neige de printemps jusqu'à la station. Dans la soirée, une petite virée dans un combi VW
hors d'âge, avec Raja et un copain vers un monastère blotti au fond de la Kadisha, la Vallée des Saints.
Le jour suivant nous prenons un bus vers Edhen, un village de montagne où nous roulons jusqu'à ce que la neige nous bloque. Nous chaussons donc et contournons l'extrémité des Monts Liban pour
monter le long de vallons boisés jusqu'à la crête, vers 2900m. Notre objectif était de continuer jusqu'au Tem el Mezreb pour descendre directement sur les Cèdres, mais c'est bien long, le vent
souffle et nous préférons redescendre sur nos pas, par un neige de printemps idéale, au milieu de la forêt. Nous retrouvons notre véhicule et en profitons pour descendre visiter un autre
monastère, Saint Antoine de Kozaya, célèbre parce que c'est là, sous la domination ottomane, que s'était établie une imprimerie clandestine qui imprimait la bible et les textes sacrés.
Nous quittons à regrets notre bonne Cabane, mais c'est aujourd'hui que nous allons franchir les Monts Liban pour descendre vers l'Est sur la plaine de la Bekaa, strictement interdite d'après le
site du Ministère des affaires étrangères. Nous nous en tirerons sans dommage. Le temps est très beau, en dépit des prévisions météo, très pessimistes, mais nous devons lutter contre un vent
glacé très violent. Une très longue traversée nous emmène au Col des Cèdres, où nous réchauffons à l'abri d'une cabane. Et, heureusement, une somptueuse descente en neige de printemps nous
attend, et dans ces combes douces nous nous laissons griser par le bonheur du ski. Du coup, nous nous en apercevrons après, personne n'a pris de photos de ces descentes, trop heureux de se
laisser glisser. Nous déchaussons à l'entrée du village d'Aïnata, à 1700 m. Nous allons loger chez Toni et Ramonda, des habitants du village qui nous accueillent avec l'extraordinaire hospitalité
des libanais. Nous nous sentons en famille et jouons avec les enfants, Rebecca et Charmel. Repas d'anthologie, comme presque toujours au Liban. Le soir, nous nous installons à droite à gauche,
plusieurs sur des matelas dans le salon, très sympathique. Pendant la nuit un orage terrible éclate, tonnerre, éclairs.
Nous sommes décontractés, car le lendemain est une journée de jonction et de tourisme, dans cette Bekaa interdite. Mais, le lendemain, il est tombé tellement de neige dans la nuit que nous sommes
obligés de chausser les skis pour partir sur la route à la recherche de notre bus qui ne peut monter. Enfin nous le retrouvons et pouvons partir pour Baalbek, l'uns des plus belle cité romaine au
monde. Nous en visitons, émerveillés en dépit de la pluie, tous les temples qui témoignent d'un savoir faire étonnant. Après le déjeuner obligatoire au Grand hôtel Palmyra (Pierre Loti, de
Gaulle, Cocteau...) nous reprenons notre périple touristique, visitant d'abord les caves de Ksara, avec dégustation de leurs excellents vins et les ruines de l'empire Omeyade à Anjar. Enfin nous
rejoignons notre gite, le foyer St Joseph à Zaleh, la ville la plus importante de la Bekaa. Très vite un orage terrible se déchaîne, qui durera toute la nuit, et qui nous prive très vite
d'électricité. Souper aux chandelles et froid très vif.
L'aube suivante est sinistre. Il neige et nous devons renoncer à notre ascension du Djebel Sannine qui devait nous faire traverser le massif pour redescendre sur Faraya. Nous devons prendre un
bus et il nous faudra pratiquement la journée entière pour traverser par la route, avec de gros arrêts dus à l'abondance de neige. Finalement nous arrivons en fin d'après-midi au village de
Baskinta où nous installons dans le couvent de Saint Sasine, chaleureusement accueillis par les sœurs hospitalières. Excellente soirée passée à discuter avec les sœurs dans le réfectoire du
couvent, en buvant avec elles le vin de Ksara. Nous sommes pleins d'admiration pour la rudesse de leur existence.
Toute la nuit encore orage et foudre, qui tombe sur l'immense croix toute proche.
Le lendemain matin, incroyable, il y a 40 cm de neige, à 1400 m ! Nous sommes coincés et il faudra attendre l'arrivée du chasse neige, puis un transport par des 4x4 de la police pour pouvoir rejoindre en fin de matinée notre bus, qui n'a pu dépasser 900 m. Pas question de remonter à Faraya. Qu'importe, le moral est bon et nous consacrons l'après-midi au tourisme, l'extraordinaire grotte de Jeita, la montée à ND du Liban et sa vue étonnante sur Beyrouth, surtout avec ciel d'orage et enfin Beyrouth et notre confortable hôtel.
Le lendemain sera consacré à une visite approfondie de la capitale avant un dernier remarquable repas d'adieu chez Frida un restaurant mexico-libanais, grandiose.
Bref un beau voyage, quatre jours de ski seulement, mais tout le monde était enchanté du séjour.
À refaire avec un peu moins de chutes de neige.
Claude jaccoux, guide de haute montagne.
Voyages avec la Compagnie.
Les voyages de nos guides dans le blog.