Ce Tour du Mont Blanc version « confort », j'ai envie de le rebaptiser « balade gourmande », gourmandise visuelle par la majesté
des sites appréciés sous un ciel plus que clément, gourmandise gustative par la qualité des pique niques et pauses revigorantes préparés avec choix et attention par Marc et servis par l'adorable
Fabien dans les plus belles salles à manger du monde : à ciel ouvert avec vues panoramiques inoubliables.
Gourmandise olfactive dans les bois fleurant bon le champignon, sur les alpages où fleurissent les
nigritelles à la saveur de vanille, gourmandise tactile au contact des roches et écorces, gourmandise auditive enfin, alimentée non seulement par le
cri des marmottes...mais par les sonorités variées des langues étrangères à notre pays vu la composition du groupe : anglais, américains, irlandais, coréen ! Un festival renouvelé chaque
jour.
Notre Dame de la Gorge, la bien nommée.
j'ai allumé un cierge dans cette chapelle baroque
érigée voilà 900 ans à l'intention de la « réfection spirituelle » des voyageurs. Il fallait bien cela avant d'entreprendre, le second jour
de la randonnée, la longue montée vers le Col du Bonhomme, le Beaufortin en direction de l'extrême Sud du Massif . Notre Dame de la Gorge, aidez-moi
à conserver le souffle nécessaire à gravir un dénivelé positif de près de 1300 m ! Aidez-moi également à raviver quelques vestiges de mon anglais
vieux de 40 ans pour pouvoir communiquer un minimum avec mes co-randonneurs ne parlant pas un mot de notre langue !
« Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, je vous propose d'essayer la routine, elle est mortelle ». Fabien, notre
accompagnateur, du haut de la grande sagesse de ses 31 printemps, a glissé à qui voulait l'entendre
cette citation de Paulo Coelho. Le TMB version confort n'a rien d'aventureux. Quoique. Plutôt que de vérifier la réputation d'excellence des gelati de Courmayeur, bourgade luxe et glamour du Val
d'Aoste, j'ai poussé le portail de l'Eglise Saint Pantaleon, à la recherche d' un peu de fraicheur gratuite et reposante. Quelques dames chic, d'âge plus que respectable y récitaient le chapelet.
J'ai murmuré avec elle les pater et les ave en rendant grâce au ciel de m'avoir permis, malgré mon âge et la désapprobation de mon entourage, de me lancer sur les sentiers alpins. Nous nous
fixons hélas trop souvent nos propres limites....
En file indienne, le groupe s'avance vers un nouvel horizon. Je manque un peu de sommeil. La nuit dernière, avec ma jeune voisine de chambrée, nous
avons longuement parlé. Comme à l'époque de l'internat. Sauf que là le temps a bien raboté nos illusions. Pas de confidences, juste une parole
spontanée, jaillie du fond de nous, se posant, légère et délicate, à la faveur de l'obscurité, dans le silence respectueux de cet Autre dont nous ne croiserons plus le chemin. Lorsque l'essentiel
de soi peut être chuchoté ainsi, en offrande réciproque, c'est une réelle grâce. Le gîte collectif ne présente pas que des inconvénients....
L'instant magique où apparait- enfin- comme la Terre Promise, le Massif du Mont Blanc dans toute sa splendeur. Ce matin, pour magnifier le spectacle,
les nuages se sont invités. Ils glissent rapidement, voilant et dévoilant tantôt l'une tantôt l'autre cîme enneigée, dans une chorégraphie d'une élégance surprenante. Pour être appréciée
pleinement, la Beauté ne saurait être dévoilée de façon abrupte.« les émotions sont les rides à la surface de l'amour ». J'ai lu cela durant le voyage du retour. J'ignorais cet
aspect du TMB version confort ! C'est sans doute une question de Regard...
Propos de Mme Liliane Walz
Raid alpin "version collective" encadré par Marc
Roman et Fabien Stocco, accompagnateurs en montagne.
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